
Et pourtant, les associations sont partout. Elles irriguent nos territoires, nos vies, nos solidarités. Elles sont le tissu vivant de notre démocratie, le lieu où s’exerce la citoyenneté, où se tissent les liens, où se répare le social. Elles sont les agents d’une société plus humaine.
Un pilier de la République silencieusement ébranlé
La France compte 1,5 million d’associations actives, dont 154 000 employeuses, représentant 1,9 million de salariés, soit près de 10 % de l’emploi privé. À cela s’ajoutent 20 millions de bénévoles, engagés dans tous les domaines : culture, sport, éducation populaire, environnement, santé, solidarité.
Le secteur associatif pèse 3,5 % du PIB, avec un budget cumulé de plus de 113 milliards d’euros. Il est le troisième employeur du pays, derrière le commerce et la construction. Et pourtant, il est fragilisé comme jamais.
En 2025, 90 000 emplois sont menacés, 500 structures ont été liquidées, et 1 000 plans de sauvegarde de l’emploi ont été déclenchés. Les subventions de fonctionnement, qui représentaient 40 % des financements en 2010, ne pèsent plus que 20 % aujourd’hui. Elles ont été remplacées par des appels à projets, transformant les associations en prestataires de services publics, au détriment de leur liberté d’action et de leur mission citoyenne.
Les associations : agents du changement humain
Peter F. Drucker, dans Managing the Non-Profit Organization, nous rappelle que les associations ne produisent ni biens ni services, ni ne contrôlent. Leur “produit” est un être humain transformé : un patient guéri, un enfant qui apprend, un adulte qui se relève. Elles sont des agents du changement humain, et à ce titre, indispensables à la vitalité démocratique.
Elles ne se contentent pas d’agir : elles transforment. Elles ne se contentent pas de répondre : elles relient. Elles ne se contentent pas de pallier : elles inventent.
Un appel à la responsabilité collective
Affaiblir les associations, c’est affaiblir notre capacité à faire société. C’est renoncer à ce qui nous relie, à ce qui nous élève, à ce qui nous engage. C’est sacrifier le pouvoir d’agir des citoyens, au moment même où la démocratie vacille.
Il est temps de reconnaître leur rôle stratégique :
- En restaurer les financements pérennes
- En simplifier les démarches administratives
- En valoriser le bénévolat comme un acte politique
- En garantir leur liberté d’interpellation et d’innovation
Protéger les associations, ce n’est pas défendre un secteur. C’est préserver notre humanité.
Dans le miroir de nos sociétés, les associations nous renvoient l’image de ce que nous pouvons être : des citoyens responsables, des voisins solidaires, des humains engagés.
Ne les laissons pas s’effondrer.
Olivier BARON, Directeur Général de l’ALEFPA