
Le prix ALEFPA – Annie Semal-Lebleu récompense, pour un montant de 1500€, chaque année, deux thèses en lien avec l’accompagnement des personnes connaissant des difficultés à caractère social ou présentant un handicap physique ou psychique.
L’appel à candidature est lancé de manière publique sur nos réseaux sociaux et nos publications. Grâce au fonds de dotation ALEFPA Solidarité, le CSA accompagne un étudiant de Master dans la réalisation de son stage. En 2024 ce dernier portait sur le développement d’un outil de dépistage précoce des troubles de la cognition sociale.
Le droit de vote du majeur déficient intellectuel : droit affirmé ou droit effectif ?
Ce travail de thèse examine l’affirmation du droit de vote pour les personnes déficientes intellectuelles. Il s’agit de démontrer qu’il n’existe plus aucune possibilité pour retirer le droit de vote à une personne qui présente une déficience intellectuelle. Ni le droit de la protection des majeurs, ni les pouvoirs du président du bureau de vote, ni encore le fonctionnement du contentieux électoral, ne permettent de l’empêcher d’exprimer son vote. Ce travail s’attache à examiner la marge entre l’affirmation du droit de vote, et son effectivité. En effet, les bureaux de vote ne sont pas encore tous accessibles aux personnes présentant une déficience intellectuelle. Par ailleurs, la spécificité de la vie en établissement social et médico-social est souvent une barrière supplémentaire à l’expression du droit de vote des résidents, par l’impératif de sécurité des personnes accueillies, et par des raisons logistiques. Pour réduire cette marge entre affirmation et effectivité du droit de vote, plusieurs pistes, allant d’ajustements législatifs à la formation des personnes concernées, comme de leur entourage, sont ensuite proposées.
Jeanne Charlotin – Université de Bretagne Sud
Négocier les interactions sociales : l’enjeu du stigmate pour les personnes catégorisées de « déficientes intellectuelles ». Étude d’un groupe d’autoreprésentants
Cette thèse aborde la catégorie de la « déficience intellectuelle » en exposant son caractère évolutif et socialement construit. Elle met en évidence le fait que les typifications réciproques, souvent négatives, associées à cette catégorie, entraînent une stigmatisation des personnes dans leurs interactions sociales. Abordant le sujet sous l’angle du constructivisme et de l’interactionnisme symbolique, la thèse se détourne de l’attention à la dimension cognitive habituellement associée à la « déficience intellectuelle » pour se concentrer sur l’importance des interactions sociales et de leurs négociations menées par et avec les individus concernés.
Le cas central d’étude mené dans cette recherche est un groupe d’auto-représentants travaillant avec des travailleurs sociaux d’ESAT, en collaboration avec des chercheurs. À travers l’utilisation de divers outils de collecte et d’analyse de données, la thèse révèle les processus par lesquels certaines significations sont négociées lors des interactions sociales et les impacts de ces négociations sur l’identité des personnes catégorisées. Ces résultats soulignent le rôle actif que les personnes catégorisées de « déficientes intellectuelles » jouent dans les interactions sociales, et leur influence possible sur la compréhension globale de l’expérience vécue par les personnes catégorisées comme « déficientes intellectuelles ».
Céline Lefebvre – Université Rennes 2