
Un texte ambitieux et novateur
Adoptée à l’unanimité par le Parlement, la loi de 2005 a introduit des principes forts : l’accessibilité universelle, le droit à la compensation du handicap et l’éducation inclusive. Elle a créé les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), offrant un guichet unique pour accéder aux droits et prestations. Ce texte était porté par une vision claire : permettre à chaque personne, quel que soit son handicap, de vivre pleinement sa citoyenneté et d’être un acteur à part entière de la société.
À travers ces principes, la loi a permis de considérables avancées. Par exemple, l’obligation pour les établissements recevant du public (ERP) d’aménager leurs locaux a entraîné la mise en place de rampes d’accès, d’ascenseurs ou de signalétiques adaptées pour les malvoyants. De plus, la scolarisation des enfants en situation de handicap dans des écoles ordinaires a connu une augmentation significative : selon les chiffres du Ministère de l’Éducation nationale, 400 000 enfants étaient concernés en 2022, un chiffre en nette progression. Enfin, le droit à la compensation du handicap a permis à de nombreuses personnes de bénéficier d’aides techniques (fauteuils, appareils auditifs) ou humaines, à l’image des assistants de vie.
L’ALEFPA, acteur engagé depuis des décennies, illustre les réussites rendues possibles par cette loi. Grâce à ses établissements et services, des milliers de personnes handicapées ont pu accéder à des solutions éducatives et médico-sociales adaptées. Le Pôle de compétences et prestations externalisées (PCPE) de l’ALEFPA, par exemple, accompagne des familles pour construire des parcours individualisés répondant aux besoins spécifiques de leurs enfants. Ces structures démontrent que l’action coordonnée et le soutien personnalisé peuvent faire une différence notable dans le quotidien des personnes concernées.
Des ambitions freinées par la réalité
Malgré ces avancées, vingt ans après, beaucoup d’objectifs fixés par la loi de 2005 restent inachevés. Le constat est amer :
- Accessibilité : Si la loi prévoyait une accessibilité universelle dès 2015, les retards sont énormes. Selon un rapport du Défenseur des droits publié en 2023, seulement 40 % des ERP étaient conformes. Dans certains transports en commun, comme le métro parisien, moins de 10 % des stations sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
- Emploi : Le taux de chômage des personnes handicapées reste deux fois plus élevé que celui du reste de la population, autour de 14 %. Bien que des dispositifs comme l’obligation d’emploi de 6 % dans les entreprises de plus de 20 salariés aient été instaurés, près d’une entreprise sur deux n’atteint pas cet objectif. Certaines initiatives locales, à l’image du label « Handi-accueillant » porté par certaines régions, offrent pourtant des modèles inspirants. Dans ce domaine, l’ALEFPA innove également en proposant des dispositifs favorisant l’insertion professionnelle, notamment à travers des partenariats avec des entreprises locales et l’accompagnement renforcé dans les Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT).
- Éducation : La scolarisation des enfants a progressé, mais elle reste souvent semée d’embûches. De nombreux parents témoignent de difficultés à obtenir un accompagnant d’élève en situation de handicap (AESH), certains étant contraints de cesser leur activité professionnelle faute de solution. Dans des cas extrêmes, des enfants sont encore contraints de rester chez eux ou de partir à l’étranger pour obtenir une éducation adaptée. Dans ce domaine, les écoles spécialisées gérées par l’ALEFPA, comme celles accueillant des élèves atteints de troubles du spectre autistique (TSA), offrent un exemple de pratiques pédagogiques innovantes, favorisant à la fois l’inclusion et le respect des besoins spécifiques.
- MDPH : Créées pour simplifier les démarches, les MDPH sont souvent victimes de lourdeurs administratives. Par exemple, les familles doivent parfois patienter plusieurs mois avant d’obtenir une notification de leurs droits, un retard qui peut compromettre l’accès aux aides essentielles. À ce titre, des acteurs comme l’ALEFPA collaborent régulièrement avec les MDPH pour fluidifier les parcours et offrir un appui administratif aux familles.
Un appel à une ambition renouvelée
En ce vingtième anniversaire, il est urgent de renouveler l’ambition qui portait la loi de 2005. Le handicap ne doit plus être considéré comme un sujet annexe ou une question de solidarité à sens unique, mais bien comme une condition fondamentale d’une société juste et inclusive.
Pour aller plus loin, plusieurs priorités s’imposent :
- Une politique d’accessibilité renforcée, avec des échéances claires, des moyens accrus et des contrôles effectifs pour rendre tous les lieux accessibles à tous.
- Un engagement pour l’emploi, en soutenant les entreprises inclusives, en renforçant les sanctions pour non-respect des obligations et en facilitant l’accès aux formations adaptées.
- Des moyens accrus pour l’éducation, afin de garantir à chaque enfant en situation de handicap un accompagnement adapté et la possibilité de réaliser son potentiel.
- Une simplification des démarches administratives, avec des MDPH mieux financées, des plateformes numériques intuitives et des formations pour les agents, afin d’améliorer l’accueil et les délais de traitement des dossiers.
Vingt ans après, le combat pour l’inclusion continue. Ne nous contentons pas de célébrer cette loi : rendons-lui justice en faisant enfin des principes qu’elle défendait une réalité pour tous. L’inclusion ne se résume pas à quelques aménagements ou bonnes intentions. C’est une vision audacieuse, celle d’une société où les différences sont accueillies comme des forces et non des obstacles.
Comme le disait Nelson Mandela : « Tout semble impossible jusqu’à ce qu’on le fasse. » Alors, ensemble, faisons-le. Transformons ces vingt ans d’expériences en vingt prochaines années de résolutions. Il est temps que chaque citoyen, avec ou sans handicap, puisse réaliser ses aspirations dans une France pleinement inclusive.
Visionner le passage du discours d’Olivier Baron, DG de l’ALEFPA, à ce sujet, lors de la cérémonie des vœux de l’association en janvier dernier :
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