Projet associatif 2022-2027

C’est un concept dont la pratique est mouvante dans le temps et dans l’espace. La liberté, ici en France, n’est pas la même qu’au 17ème siècle ou dans d’autres pays du monde. Elle est un droit fondamental pour chaque être humain dont le cadre de référence pour notre association est le cadre démocratique. Ainsi la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 à laquelle se réfère la Constitution de 1958 édicte le principe que la « liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (art. 4), autrement dit la possibilité de « faire tout ce qui n’est point interdit, comme ne pas faire ce qui n’est point obligatoire » (art.5).

Que ce soit la liberté d’action, de genre, d’expression, de penser, d’aller et venir, d’association, etc… toutes les déclinaisons de ce droit fondamental doivent être permises. La République en a fait un principe constitutionnel et reconnait cette liberté polymorphe à chaque citoyen.

Toutefois, la liberté ne peut s’entendre et s’appliquer qu’en respectant certaines limites qui sont le respect de soi, de l’autre, des autres, de la moralité et de la réglementation, ces deux derniers points variant avec les époques.

Dans le cadre de l’ALEFPA, le projet associatif devra s’intéresser tout particulièrement à la liberté des personnes accompagnées et soignées, adultes ou enfants. Il conviendra de porter une attention particulière aux questions relatives aux libertés (liberté de conscience, de penser et d’expression), éléments essentiels dans la construction de chaque individu pour lui permettre d’accéder à la citoyenneté. Dans le cadre de la liberté d’expression, les personnes soignées ou accompagnées doivent être invitées à s’exprimer sur leur mode de vie et devraient pouvoir choisir leur prise en charge. Ce dernier point s’inscrit d’ailleurs dans une réflexion plus large sur l’organisation de la réponse aux personnes vivant avec un handicap.

La mission de l’ALEFPA consiste à accompagner chaque personne, dans le cadre des règles existantes, pour l’aider à exprimer ses choix pour une insertion sociale réussie.

Accéder à l’autonomie, ce n’est pas seulement savoir prendre le bus ou remplir un dossier même si c’est essentiel, c’est aussi penser, argumenter, s’exprimer, voter et faire son choix pour décider.

Elle est également un principe constitutionnel issu de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. La République s’engage à assurer l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Ce principe, comme la liberté a vu son interprétation évoluer dans le temps. Aujourd’hui, elle porte notamment sur l’égalité morale, sociale, civique, de genre, politique, ou encore
l’égalité des chances ; et la liste peut encore être complétée.

La question de l’application du principe d’égalité dans le cadre associatif porte sur la gouvernance, les professionnels et les personnes accompagnées.

L’association veillera, en permanence, à l’égalité de traitement entre les publics. Faire vivre l’égalité au sein des services, c’est assurer pour toutes les personnes accompagnées, une compensation en lien avec leurs capacités à partir d’un accompagnement de qualité. Celui-ci doit allier le respect strict des droits et permettre une co-construction d’un projet qui conduit la personne vers plus d’autonomie et une vie
sociale plus riche, visant autant que possible l’inclusion dans la vie ordinaire.

Ces deux valeurs ont été réunies car, si la solidarité est une valeur de société, la fraternité est un principe interindividuel, corollaire du principe d’égalité. Les deux se complètent et la fraternité apporte une dimension affective à la solidarité institutionnelle. La fraternité est de volonté individuelle quand
la solidarité relève du collectif. On ne saurait les dissocier dans les actions à prévoir dans le prochain projet associatif.

À l’ALEFPA, la solidarité doit se trouver entre les territoires et les établissements. D’ailleurs la solidarité et la fraternité sont inscrites dans la vie de l’ALEFPA. Certains établissements ayant connu des catastrophes ont pu compter sur la solidarité associative pour les surmonter. La solidarité doit être un axe fort permettant d’affirmer la force de l’unicité de l’association. Le compagnonnage rapproche les établissements, leur fait partager des pratiques et des savoir-faire.

Il convient d’aller encore plus loin dans cette vision de la solidarité et de la fraternité en incluant la dimension écologique ; le renoncement au jetable au profit du durable, une éducation au tri des déchets et au développement du bio, mais aussi par une réinvention d’une agriculture régénératrice des sols dans les projets agricoles des établissements. En effet, faire face aux défis écologiques,
c’est reconnaître que nous avons besoin les uns des autres, que l’attention à la nature et l’attention à l’autre procèdent de la même dynamique ; que nourrir l’ambition éthique d’être fraternel, c’est apprendre à développer en soi un souci, un soin, une considération, une compassion, un engagement pour la cause de tout le vivant sur la planète

Elle est d’abord un principe de neutralité en matière de croyance et de conception de la vie et garantit la liberté de conscience. Elle est inscrite dans l’acronyme de l’association dont elle est la première qualification :
Association Laïque, pour l’Éducation, la Formation, la Prévention et l’Autonomie. L’ALEFPA est une association d’abord laïque, en conformité avec le principe républicain.
Elle revendique une laïcité dynamique et rappelle la citation de André Henry, Président d’Honneur de l’association :
« Un argument majeur plaide en faveur de la réflexion sur le handicap et la laïcité : la laïcité, la pensée laïque, l’esprit laïque, l’éthique laïque rassemblent et n’excluent jamais ».
La laïcité est une liberté, une émancipation qui permet de faire société. Faire société, c’est accepter l’autre dans ses différences quelles qu’elles soient y compris religieuses.

Si l’Etat est laïque, la société ne l’est pas. L’ALEFPA se doit de respecter la législation en ce qui concerne les personnes accompagnées et les personnels. Dans nos établissements il faut aborder les situations spécifiques à travers d’autres thématiques que la religion et en prenant comme référence le droit commun plutôt qu’en les traitant comme si le caractère religieux était le problème. Dans le quotidien, les établissements sont confrontés à des demandes d’applications de règles religieuses. La réponse se veut toujours factuelle et pragmatique.
L’élaboration d’une éthique libérée de tout dogme est une condition nécessaire pour dépasser ces freins et ces entraves à la liberté de conscience, de pensée et d’expression d’une autonomie émancipatrice.

C’est une notion plus récente venue du monde anglo-saxon. En effet, le terme « care » signifiait initialement chagrin, douleur. Il désigne à la fois une valeur, celle de l’humanité, du souci de l’autre, et un mode d’action, qui est souvent traduit par « prendre soin ».
À côté de la prise en charge thérapeutique, le « cure », le « care » exprime la prise en charge humaine.
Le « care » concerne une dimension essentielle de la vie humaine comprise comme existence relationnelle et sociale. L’éthique du « care » définit les modalités d’une réponse adéquate au fait de la vulnérabilité humaine. Il consiste en une éthique de la sollicitude traduite par les mots suivants : respect des personnes, bienveillance, sollicitude, empathie, tolérance, reconnaissance des personnes, écoute, attention à autrui, accompagnement, prendre soin.
Le « care » concerne à la fois les personnes accompagnées/soignées et les professionnels, ainsi que le management et la gouvernance. Il constitue désormais pour l’ALEFPA une ligne majeure dans l’application de ses autres valeurs. Il amène à un comportement portant intrinsèquement chacune des valeurs de l’association en les mettant en synergie.

Il invite à changer de regard par rapport aux personnes accompagnées, notamment de passer d’une vision de protection ou de sécurité à celle de bientraitance, de l’attention portée à la personne et à sa dignité. L’exigence qualitative d’un service rendu inclut la référence au « care ».
Concernant les professionnels le « care »conduit à voir le positif, les progrès accomplis et à manifester de la gratitude pour ce qui est fait. Il faut promouvoir une organisation accueillante et bienveillante à l’égard des professionnels et favoriser la réciprocité du « prendre soin les uns des autres ». C’est aux responsables de garantir cette qualité au quotidien notamment par un « management des talents ».
Le « care » concerne aussi le Conseil d’Administration qui doit veiller à ce que cette valeur soit présente tant vis-à-vis des personnes accompagnées que vis-à-vis des professionnels. Les associés, les administrateurs et les collaborateurs de l’ALEFPA ont le devoir de « prendre soin »de l’association en veillant à sa pérennité, son identité et son développement.