Mandataire judiciaire
Une journée avec Marynne, mandataire judicaire chez Ariane
Il est 9h, et la journée commence sur les chapeaux de roues pour Marynne, mandataire judiciaire chez Ariane. À peine arrivée, le téléphone sonne déjà : c’est l’infirmière libérale d’un majeur protégé qui appelle, inquiète pour l’état psychologique de son patient. Ce dernier, bipolaire, souffre de solitude, refuse de s’alimenter, et envisage de mettre fin à ses jours. Que faire ? Marynne réagit immédiatement, offrant son soutien et ses conseils. Elle propose plusieurs solutions : Maison de retraite, EHPAD, Foyer de vie, résidence autonomie. Cette dernière option semble être la plus adaptée. Avec l’accord de la personne protégée, elle prend contact avec les partenaires pour organiser son placement.
Sans perdre de temps, Marynne consigne l’appel dans son logiciel avant de partir pour un rendez-vous avec le bailleur de Mme et Mr X, une sœur et un frère âgés respectivement de 75 et 80 ans. Ils sont confrontés à un début de syndrome de Diogène, un trouble du comportement conduisant à des conditions de vie négligées, voire insalubres.
Leur maison, bien que déjà nettoyée et vidée à deux reprises depuis décembre 2023, se remplit à nouveau à vitesse grand V de cartons de vêtements, d’emballages et d’objets en tout genre. Face à cette situation complexe, Marynne se heurte à une impasse : malgré l’évidence d’un besoin d’accompagnement social, les structures partenaires hésitent à intervenir sous prétexte que les personnes sont sous mesure de tutelle.
« Il est parfois difficile de faire comprendre notre mission et notre rôle », explique Marynne. « Nous ne remplaçons ni la famille, ni les professionnels, ni les structures d’accompagnement social. Notre rôle est de créer des liens entre les différents organismes. »
Tout au long de cette journée, entre les rendez-vous et les appels téléphoniques, Marynne jongle entre les situations de la vie courante de chacun de ses dossiers. En fonction du type de mesure de protection, elle perçoit les ressources, règle les dépenses et les dettes, gère le patrimoine, et assure la liaison avec les partenaires… « Chez Ariane, nous travaillons en trinôme : deux mandataires judiciaires et une technicienne tutélaire qui constitue les dossiers administratifs. Cette organisation permet de s'assurer que les décisions prises soient les bonnes et qu'elles servent au mieux les intérêts de la personne protégée. Il n’y a pas de solution toute faite, chaque cas est unique et différent. L’expérience et les échanges avec les collègues permettent de savoir comment réagir. »
Des dossiers, mais avant tout des personnes !
Chaque année, Marynne gére 60 dossiers, mais avant tout 60 personnes, 60 situations qu’elle connait sur le bout des doigts. « Chaque jour est unique et présente de nouveaux défis, c'est ce qui rend ce métier passionnant ! Le matin, je ne sais jamais à quoi m'attendre : une audience imprévue, une urgence à gérer... Il m’arrive souvent de classer les priorités rapidement, car je suis en contact avec des personnes en souffrance qui nécessitent une attention immédiate. »
Quoiqu’il arrive, la personne protégée reste maîtresse de ses décisions concernant sa vie personnelle : elle est libre de ses déplacements, de ses choix, de ses fréquentations, de son lieu de vie.
Réagir vite et en toute sécurité !
Des situations imprévisibles, c’est le quotidien de Marynne. Chez Ariane, tout est bien calé pour réagir en toutes circonstances ! Une sonnerie permet de prévenir les collègues en cas de difficulté, et chacun sait comment réagir face à une personne agressive. Les visites de chacun sont tracées et notées dans un agenda partagé, afin que tous les salariés sachent en temps réel où se trouve ses collègues et avec qui.
Avec des bagages totalement différents, allant du juriste à l’éducateur spécialisé en passant par le conseiller en économie sociale et familiale, les mandataires judiciaires comme Marynne bénéficient, au cours de leur expérience, de formations spécifiques pour mener à bien leur mission : gestion de la violence, gestion de situation de crise, et sensibilisation aux troubles psychiques. Ces formations sont essentielles pour leur permettre de répondre aux nombreux défis rencontrés au quotidien.
Les services mandataires de l'ALEFPA : L’ALEFPA dispose également d’un Service Mandataire Judiciaire à la Protection des Majeurs (SMJPM) en Guadeloupe. Ce service a commencé son activité en 2020 avec une capacité autorisée de 100 mesures pour une période de quatre mois. Pôles mandataires judiciaires, secrétariat, comptabilité et direction s’articulent pour assister et/ou représenter des majeurs protégés qui ont une altération des facultés mentales et ou physiques. Chaque année, la DEETS finance la capacité d'accueil du service en fonction de l'activité réalisée l'année précédente, en ajoutant une augmentation de 100 mesures supplémentaires. En 2023, la DEETS a ainsi financé un total de 400 mesures. Monsieur Lanclume, majeurs protégés accompagnés en Guadeloupe en témoigne : « La curatelle c'est pour me protéger. » Depuis décembre 2023, le champ d'intervention de l'activité en Guadeloupe et ses dépendances, notamment Marie-Galante et Désirade, s'étend aux îles du Nord, à savoir Saint-Martin et Saint-Barthélemy. |